« Quand la technologie vient supporter le fonctionnement de l’organisation, elle devient très puissante »
Parlons Résilience est la nouvelle section de notre blog où l’on reçoit des invités pour parler (…bien sûr) de résilience. Aujourd’hui c’est Ignasi Fontanals ( Directeur Europe de Rezilio Technologie ) qui échange avec Yannick Hémond ( Professeur – Résilience à l’UQAM ) sur son parcours, sa vision de la résilience dans le futur et sur l’événement de l’année au Québec qui sera la conférence Désastre et Résilience 2021.
(Une liberté d’adaptation a été prise pour rendre le texte cohérent mais aucun propos n’a été modifié)
IGNASI.- Bonjour Yannick bienvenue à Parlons Résilience. Pourrais tu te presenter?
YANNICK.- Bonjour merci. Je suis professeur au département de géographie depuis 2019. Je travaille en résilience, risques et catastrophes donc ce sont mes domaines de recherche. Je m’intéresse beaucoup à la notion de capacité de gestion et comment les organisations peuvent maintenir leur résilience à travers le temps .
IGNASI.- Alors parle nous un peu de toi, comment es tu arrivé dans la résilience et pourquoi avoir choisi ces domaines ?
YANNICK.- Ça remonte à loin, au Québec ce qui est typique c’est que tout le monde parle du verglas 98 , donc beaucoup de gens ont eu la piqûre en 98 avec la tempête de verglas dont une immense campagne qui amène une coupure de courant, plus de 300 municipalités sont touchées et plus de la moitié des québécois n’ont pas d’électricité… donc à partir de ce moment, là je me suis dit : que peut-on faire pour gérer ce type d’événements et comment peut-on faire aussi pour que les conséquences soient les moins graves possibles pour la population…? et de fil en aiguille…je suis allé faire mes études dans ce domaine là, donc une maîtrise doctorat en génie industriel où je me suis dit que la résilience des infrastructures était essentielle .
SUR LA NOTION DE RÉSILIENCE
« La résilience s’intéresse à savoir comment une entreprise, une organisation ou un système font pour fonctionner dans un environnement qu’on sait qu’il est en constant changement, soit de façon positive ou négative »
IGNASI.- Très bien, donc explique-nous, alors, après toute cette expérience quelle est ta définition de résilience puisque tu sais que tout le monde a une définition de résilience…
YANNICK.- Ah oui, çà c’est certain, c’est propre au domaine de la recherche…. moi ce que j’utilise en ce moment, c’est vraiment la capacité de maintenir un fonctionnement acceptable dans un environnement qui est en constant changement, donc je m’intéresse en fait de savoir comment l’entreprise ou une organisation ou un système font pour fonctionner dans un environnement qu’on sait qu’il est en constant changement, soit de façon positive ou négative, donc on peut avoir une résilience positive ou négative à ce niveau là, et moi je travaille avec les organisations en ce sens là.
« Il faut avoir le plus possible de gens autour de la table pour discuter de la résilience »
IGNASI.- Donc sur ces organisations et ces acteurs de la résilience, pourrais tu nous parler un petit peu plus sur quelles sont les acteurs de la résilience ? Au cours des années ils ont évolués, qui sont maintenant les principaux ? Tu crois qu’il y a des nouveaux acteurs qui rentrent dans le monde de la résilience ?
YANNICK.- Depuis le début on travaille toujours avec tous ceux qui veulent travailler sur la résilience. Il faut savoir que la résilience c’est quelque chose de collectif, donc il faut avoir le plus possible de gens autour de la table pour discuter de la résilience et il faut avoir autant d’organisations: par exemple des petites et moyennes entreprises ,des grandes entreprises, des infrastructures essentielles, la population, le côté politique, l’administration publique…. donc plus y’a de gens mieux c’est, et on le voit avec le temps que la notion de résilience des communautés qui est apparue et qui a été très renforcée par le cadre de Sendai depuis 2015…donc c’est tout le monde qui doit travailler sur la résilience ….de plus en plus de monde s’assoit autour de la table.
INNOVATION EN RÉSILIENCE
« On est encore en train de chercher qui est le meilleur animateur d’une communauté de résilience pour que les innovations soient durables »
IGNASI.- Très bien, alors c’est cette notion de s’asseoir autour de la table et de partager qui nous amène à parler un peu de l’innovation dans la résilience. Qu’est-ce que tu penses de l’innovation dans la résilience? C’est en train de s’accélérer ? C’est quelque chose qui est très difficile parce que c’est un milieu quand même où les acteurs traditionnels (Firts Responders) appartiennent à des secteurs difficiles à faire innover….? parle nous un peu de cette notion de passer de la recherche à l’ innovation.
YANNICK.- En fait çà se fait graduellement entre autres au Québec et c’est beaucoup sous la forme de développement d’indicateurs de performance. On va essayer de voir aussi avec la nouvelle ISO ( International Standards Organization ) qui prend. Mais le principal défi c’est vraiment la temporalité. Dans l’innovation en résilience, le transfert de la recherche vers ce milieu ce fait bien, ce qui est difficile c’est une fois qu’on n’est plus là, souvent çà s’estompe et c’est très difficile. En fait c’est là qu’on voit l’importance, quand on parle de résilience d’une communauté, d’avoir un animateur de cette communauté là, et on est encore en train de chercher qui est le meilleur animateur d’un groupe d’organisations pour que, à travers le temps, cette innovation soit durable. On a des difficultés à ce que les innovations soient durables , c’est là qu’il y a notre principale difficulté.
IGNASI.- Présente nous les différences entre l’Europe et le Canada ou l’Europe et les Amériques à ce niveau là.
YANNICK.- Ce qu’on voit beaucoup comme différence c’est vraiment aux niveau normatif et législatif, donc l’encadrement que l’administration publique va donner. En Europe il y a plus de standards. Si on regarde par exemple avec BSI (UK ) qui fait des normes, même Business Continuity Institut, et au niveau européen le conseil européen aussi qui fait beaucoup de directives de prévention beaucoup plus qu’au Québec. Çà a toujours été la même chose, mais même au Canada on est chanceux, dans notre malchance, dans ce sens que on n’a pas beaucoup d’événements très perturbateurs. On n’a pas beaucoup de générateurs de risques au Canada par rapport à l’Europe où il y a beaucoup d’industries à risques. Il y a beaucoup d’évènements aussi qui viennent toucher les pays Européens par exemple juste le nucléaire. Si au Canada on a deux centrales et on se demande si ce sont les métiers d’avenir ou pas, en Europe y en a beaucoup plus des activités génératrices de risques. En Europe c’est beaucoup plus encadré et on voit vraiment un développement d’indicateurs beaucoup plus poussés qu’en Amérique du Nord.
LA TECHNOLOGIE
« La technologie doit s’adapter à l’organisation et non l’inverse »
IGNASI.- Alors parlons un peu de la technologie. Je sais que tu as une vision de la technologie . Nous on est Rezilio « Technologie » et on croit à la technologie mais dans son utilisation « sobre ». Donc comment tu vois la technologie appliquée à la résilience, ce mariage, c’est la conjonction technologie et résilience ?
YANNICK.- C’est super intéressant ta question parce qu’à la base, je suis un développeur de systèmes, donc ma formation initiale est en administration et développement de systèmes et j’ai toujours dit que la technologie ne doit pas être une fin en soi. La technologie doit s’adapter à l’organisation et non l’inverse, quand çà se fait, la technologie devient très puissante pour l’organisation. Faut comprendre qu’en resilience il ya différentes manières de fonctionner, de gérer … on peut pas forcer une organisation a fonctionner contre nature… quand la technologie vient supporter son fonctionnement, c’est là que la technologie permet d’éclater les frontières et permet tout ce côté comparatif, on le voit beaucoup aux États Unis. Ils ont un resilience assessment et ils permettent de se comparer dans des régions, dans des industries, des types d’organisation. C’est vraiment intéressant ce niveau là et çà donne comme un effet de levier à être compétitif en terme de « est-ce que je suis résilient ou pas ».
« L’utilisation des données ouvertes et de l’intelligence artificielle doit permettre d’avoir une meilleure connaissance de la situation »
IGNASI.- Est-ce que tu as une technologie concrète que tu aimerais commenter ? on parle beaucoup des algorithmes, Deep Learning, progrès de données ouvertes, de la blockchain …
YANNICK.- En fait c’est intéressant que tu me demandes çà, moi je pense que je vais travailler mes projets de recherche sur la notion de données ouvertes utilisées en géomatique pour aider les organisations à comprendre justement le côté environnement. Je pense que la technologie, surtout avec tout ce qui est intelligence artificielle, doit permettre d’avoir une meilleure connaissance de la situation (le fameux « Situational Awareness » en anglais), et çà va fournir à l’organisation toute le côté environnement changeant. Donc par la suite ella va juste avoir à savoir comment maintenir son fonctionnement dans cet environnement qui change et dans cette connaissance de la situation qu’un système va lui permettre de lui renvoyer, entre autres ça sera possible avec les données ouvertes, peut-être avec un peu d’intelligence artificielle sur la compréhension qu’on a de l’environnement, mais toujours au service de l’organisation et non l’inverse. Il faut que la technologie soit au service de l’organisation.
DÉSASTRE ET RÉSILIENCE 2021
« DR21 est né d’un besoin de réunir la communauté scientifique mais également les praticiens de la francophonie et du côté anglophone »
IGNASI.- Très intéressant, [chez Rezilio nous travaillons précisément dans cette direction] et donc pour finir tu peux nous expliquer l’événement Désastre et Résilience 2021 et comment il s’est créé et à quel public il s’adresse ?
YANNICK.- En fait c’est drôle parce que ça fait deux ans qu’on travaille sur cet événement et normalement il devait se tenir l’année passée en personne, en 2020 au mois de juin, en pleine pandémie. Ici au Québec on était à la fin de la première vague, les voyages n’étaient pas possibles et tout çà s’est transformé -comme pour tout le monde ! et on s’est réinventé pour faire un événement en ligne cette année, qui va avoir lieu du 14 au 18 juin. Le sommet c’est né d’un besoin de réunir la communauté scientifique mais également les praticiens de la francophonie et ceux du côté anglophone aussi, toujours autour de la notion de désastre et résilience et qu’est-ce qu’on peut faire. On est à la mi mandat du Cadre Sendai ( 2015-2030) , et nous ici au Québec on est à la fin d’une politique en Sécurité Civile pour un Québec plus Résilient. Donc il y a différents éléments qui se mettent en place qui font que cet événement c’est vraiment intéressant. On voulait inviter la communauté internationale à réfléchir avec nous sur différents sujets reliés aux désastres et résilience.
IGNASI.- Si l’on veut s’inscrire que doit-on faire ?….
YANNICK.- Pour s’inscrire c’est super simple, on va sur le site DR2021 on peut s’inscrire. On veut garder les coûts au minimum donc c’est 100 $ (68 € ) par personne pour une semaine de conférences. Il y a plus d’une trentaine de conférences, ateliers …. donc c’est pas juste écouter quelqu’un parler, c’est aussi participer à des ateliers de co-création, des ateliers participatifs où on va pouvoir interagir avec les panélistes, donc c’est aussi çà et ce sera vraiment intéressant. Il va y avoir un salon des exposants avec nos partenaires et on est même en train d’organiser une vitrine technologique géomatique et gestion des risques pour ramener tout le milieu municipal à partager leurs bons avis dans ce domaine.
IGNASI.- Finalement parle nous un peu de tes programmes de formation en résilience depuis l’université.
YANNICK.- Je dirige un programme de résilience, crises et catastrophes, donc un programme de deuxième cycle qu’on dit ici au Québec, et dont je pense est l’équivalent d’un master en Europe, et un programme pour ceux qui ne voudraient pas s’embarquer trop longtemps dans des études.
IGNASI.- Merci beaucoup et on se retrouve sur l’événement DR2021 du 14 au 18 juin 2021 que nous attendons avec impatience !
Rezilo est partenaire du DR21 et organise la table ronde Comment relancer une nouvelle résilience structurelle et intelligente ? le jeudi 17 juin à 13:00 (EDT) – 19h (GMT +2) Obtenez plus d’infos.
Pour s’inscrire à l’événement DR2021 et assister à notre session il suffit de se rendre sur https://sites.grenadine.uqam.ca/sites/egide/fr/dr2021/register et vous inscrire au sommet. Envoyez nous un email à info@rezilio.com pour avoir une remise de 25% sur le ticket de toute la semaine.
Pour avoir des informations sur REZILIO vous pouvez demander une démonstration complète https://www.rezilio.com/decouvrez-rezilio/